Saxatile (1992) est dédiée à Iannis Xenakis à l'occasion de son soixante-dixième anniversaire. La bande de Saxatile a été réalisée aux ateliers UPIC en 1992, en utilisant exclusivement les sons produits par l'UPIC. Cette pièce n'emploie pas les techniques d'écriture qui sont si personnelles à Xenakis : cependant, en hommage à ce grand créateur, la bande comporte quelques allusions graphiques à Metastasis.
Le titre Saxatile renvoie au saxophone : mais l'adjectif saxatile signifie « qui vit parmi les rochers ». Une image des rapports entre le saxophone et les sons de la bande comme rencontre du biologique et du minéral. Au début, les sons dessinés tournent autour d'une hauteur, puis ils subissent des glissements, des dérives, enfin ils se dispersent en grains. Malgré cette diversité de morphologies, ils relèvent d'un même règne, de même que strates, rochers, cailloux et sable relèvent tous du règne minéral. Les lignes du saxophone jouent de ce contexte avec une souplesse propre au biologique.
L'auteur remercie Daniel Kientzy, Gerard, Didier, Brigitte, Marie-Hélène pour leur aide sur l'UPIC, et Solenn.
Saxatile, interprété par Daniel Kientzy, saxophone, figure sur le coffret de 2 CD produit par le CCMIX Paris en hommage à Xenakis : Xenakis/UPIC/Continuum, cd Mode, New York, distribution Abeille (avec Xenakis, Estrada, Pape, Roads, Robindoré, Shimazu, Teruggi)
Précisions techniques
La bande de Saxatile (à présent disponible sur cd) a été entièrement produite à l'aide du système numérique graphique UPIC conçu par Iannis Xenakis. L'UPIC permet de produire des sons dont les ondes et les enveloppes d'amplitude et de fréquence sont spécifiées par le dessin : j'ai ainsi spécifié les enveloppes d'amplitude et de fréquence par des lignes dessinées sur la tablette graphique de l'UPIC. On peut aussi spécifier l'onde sonore comme une sinusoïde ou comme une portion de l'onde d'un son enregistré : j'ai utilisé cette possibilité, avec des sinusoïdes et aussi des sons du saxophone de Daniel Kientzy. La spécification la plus importante est celle des courbes de fréquence : au début ce sont des tuilages de lignes horizontales (à fréquences constantes) ; puis viennent des dérives de fréquence en lignes droites imitées de courbes utilisées par Xenakis dans Metastasis, glissant en continu ou bien quantifiées suivant une division égale de l'octave – en 12, mais aussi en 24 et en intervalles plus petits. Vers la fin, j'ai dessiné des figures de lignes similaires aux analyses spectrales d'un accord que j'ai réalisées pour des pièces synthétisées par ordinateur comme Little Boy ou Mutations.
Jean-Claude Risset.