Ricercar est basé sur l'interaction entre le tuba et la voix humaine : chacun des huit mouvements tente selon des degrés de perception différents de décrire l'appareil vocal humain en situation de locution. Cette recherche sur la technologie de l'instrument considérée comme un langage a été rendu possible grâce aux travaux de Gérard Buquet sur le développement de nouvelles techniques de jeu sur les cuivres. Ricercar explore en particulier la technique du « vix », adjonction de la voix dans la production du son instrumental, créant ainsi une texture polyphonique sur un instrument par essence monodique. Seuls les mouvements V (Repons) et VII (Anthem) font appel à la bande sonore. Anthem utilise comme modèle phonétique un poème d'Henri Michaux « Suicide en satellite » tiré de Poteaux d'angle qui, explique le compositeur, « a servi de substrat pour l'organisation et la densité des voyelles enregistrées ».
Les titres des différents mouvements, qui font référence à des formes en usage au Moyen Âge, montrent l'intérêt que Fabrice Guédy porte à cette « période de recherche intensive et d'intégration d'outils mathématiques dans l'écriture ». Le titre initial Ricercar ne fait donc pas allusion à la forme en usage au XVIIe siècle, chez un Frescobaldi par exemple, mais a été expressément choisi pour son sens premier : « recherche ». De plus, le nom même de l'oeuvre, sous forme d'acrostiche, décline en chacune de ses huit lettres la première de chaque mouvement. Véritable miroir de la composition, le titre met encore en évidence par la disposition de ses lettres lues dans un sens comme dans l'autre le souci de symétrie qui règne sur l'œuvre, puisque chaque « c » correspond à un canon crabe (canon par mouvement rétrograde).
Remerciements à Vincent Fromont.