Dans la version définitive de cette pièce, le travail de révision le plus important s'est porté surtout sur les premier, quatrième et cinquième mouvements de cette forme qui en comporte cinq.
Chaque mouvement possède un modèle formel différent, une « ligne de force » bien particulière qui donne l'orientation de la narration.
Dans le premier mouvement, se confrontent un principe d'homogénéité formelle et un principe de grande mobilité « harmonique ». Le tissu serré, fait de courts fragments mélodiques, et la pédale irisée, faite d'harmoniques naturels et artificiels qui servent de cadre à ce tissu, circulent sans cesse d'un instrument à l'autre, créant dans la partition un mouvement qui évolue avec les transformations des accords de référence.
Dans le deuxième mouvement, la courbe formelle s'oriente vers une densification et une diminution rythmique de la cellule élémentaire d'origine, construite sur les intervalles de tierce et de sixte. Cette cellule prolifère selon un modèle de « ramification » qui aboutit à une « invasion » d'un large registre, parcouru de glissandi rapides et d'arpèges jetés qui se mêlent toujours plus étroitement jusqu'à s'immobiliser sur une position répétée plusieurs fois.
Dans le troisième mouvement, il y a alternance en opposition agogique de sections rigoureusement homorythmiques et de sections à caractère « cadentiel », où un instrument, deux à la fois ou encore tout le quatuor s'unissent en une écriture brillante qui privilégie le jeu soliste. Au début, les parties homorythmiques (les plus étendues) forment la structure portante du mouvement, alors que les sections cadentielles (plus courtes) ont essentiellement une fonction de ponctuation. Le déroulement de la composition amène, à la fin, un renversement des rôles où les parties cadentielles (plus longues, cette fois) jouent le rôle de fondement alors que les parties homorythmiques scandent la périodicité.
Le quatrième mouvement est conçu de façon semblable au premier. Mais l'épaisseur du son est plus grande, soit à cause de l'utilisation de doubles cordes dans les courts fragments mélodiques, soit par le fait que la « pédale mobile » passe du registre aigu au médium-grave.
Le cinquième mouvement, le dernier, est bâti sur des échelles et arpèges très rapides, allant dans toutes les directions et donnant à l'écoute une myriade de « lignes de fugue ». Les trilles et les rebonds, « froissements » de cet écoulement incessant, ont une fonction de contraste, mais aussi un rôle syntaxique important, car leur apparition donne une périodicité au devenir, en vagues successives ou superposées.
Ivan Fedele.