À l'occasion de la première, donnée le 17 octobre 1987 à Donaueschingen (d'où le nom du fleuve dans le titre), le compositeur écrivit : « Si le déroulement de la composition est arrêté dans les moindres détails, la notation en revanche ne sert que de base pour l'interprète. Les nouvelles possibilités techniques qu'offre un tuba à six pistons donnent l'occasion au musicien de produire accidentellement d'autres occurences sonores au-delà de ce modèle. La transformation électronique des sons n'est introduite dans la composition qu'avec modération et de manière différenciée.
Le joueur de tuba doit écouter tous les procédés d'amplification du son, les assimiler et y réagir. C'est cette interaction entre la notation préétablie, une nouvelle technique de jeu et la musique électronique live qui donne naissance à une interprétation vivante. »
Dans la première des trois parties, le registre haut de l'instrument (de fa à do 1) forme un cluster diatonique quasiment exploré comme un champ sonore statique. Aux différentes manières de jouer (surtout à « demi-piston ») s'ajoutent des sonorités de fausset ou provenant naturellement de l'instrument, ainsi qu'un écho et de multiples retards dus à la transformation des sons. La partie centrale, en relation directe avec le premier morceau, s'appuie sur de longues notes très aiguës (autour de do 2) à micro-intervalles ; elles sont brusquement interrompues durant une petite minute par un contre-ut extrêmement bas transformé électroniquement. La partie finale repose sur le fa, qui est joué avec beaucoup de dynamisme et de couleurs, puis subit pour ainsi dire une transformation sonore jusqu'à disparaître « al niente ».