La musique de Steve Reich trouve son origine dans le phasing appliqué à des sons enregistrés (voir le concert n° 5). Dans Pendulum Music, la substance sonore provient de micros suspendus au plafond, situés à la même distance du sol, reliés à un amplificateur et à un haut-parleur (Reich préconise l’utilisation de matériel bon marché, qui permet d’obtenir « de petits pépiements d’oiseau »). Des exécutants impriment aux micros un mouvement de balancier et, une fois ce geste réalisé, les laissent aller et venir devant ou au-dessus des enceintes (les deux dispositions sont possibles). Leur rôle consiste ensuite à régler les amplificateurs afin d’obtenir un effet Larsen. S’il arrive que des micros passent devant le haut-parleur exactement en même temps, ils sont le plus souvent décalés. La pièce est terminée lorsque les micros, redevenus immobiles, émettent un son continu. Les câbles d’alimentation sont alors débranchés.
Faut-il considérer les exécutants comme des « interprètes » ? Certainement pas dans le sens que revêt habituellement ce mot, car Pendulum Music se déroule mécaniquement. Reich a revendiqué l’aspect « impersonnel » de sa pièce, qu’il présente comme une « sculpture audible ». Il n’est pas fortuit qu’il en ait offert la partition à Richard Serra.
Hélène Cao, note de programme du concert du festival Présences de Radio France du 5 février 2024 à l'Espace de projection de l'Ircam.