Comme le titre le suggère, Nine Tensions se compose de neuf mouvements, neuf petites pièces ou miniatures, qui, bien qu’étant chacune autonome, entrent en résonance les unes avec les autres au sein du tout. Les cinq premiers mouvements sont une confrontation incessante de matériau sonore constamment renouvelé, diverses couleurs et divers degrés de substance sont ainsi explorés. Dans le cinquième mouvement, la pièce jette un regard introspectif vers l’arrière, et, du sixième au neuvième mouvement, ce n’est qu’une réitération des quatre premiers mouvements, dans l’ordre inverse.
Cette répétition nous parvient transformée par le léger voile de sa propre réflexion, c’est-à-dire que, soit le matériau se voit filtré au travers de différents seuils, soit ce même matériau est vu sous un angle différent ; certains éléments des premiers mouvements sont observés avec une attention toute particulière, à la manière d’une enquête criminelle. On pourrait également dire que l’œuvre traite de deux types de différence, la différence hors de soi et la différence en soi.
L’exploration de couleurs instrumentales variées et de différentes typologies de tension – tension temporelle, rythmique, tension sonore – ainsi que celle d’une unité sonore furent mes préoccupations principales lors de la composition de cette pièce.*
Rétrospectivement, je peux voir en Nine Tensions le début d’une période, période caractérisée par une attention particulière au son et à la manière dont le son peut interagir et/ ou véhiculer une tension interne forte. Nine Tensions représente ma première tentative de créer un élément musical qui s’apparenterait à un « objet sonore », un objet sonore physique qui peut ainsi prendre différentes formes et différents états : solide, liquide, gazeux… **
Einar Torfi Einarsson*, propos recueillis par Jérémie Szpirglas**.