Metal emprunte son titre aux noms de ses deux créateurs et dédicataires, Paul MEyer et Michel PorTAL. Ce court divertissement pour deux clarinettes fait la part belle à l'homorythmie : en effet, rares sont les passages contrapuntiques superposant des idées musicales différentes, ou complémentaires. Alternant échos entre les deux instruments et parfaits synchronismes, cette musique exclusivement monodique joue sur les contrastes dynamiques et les principes de juxtaposition. Par ailleurs, la verticalité rythmique est un élément de virtuosité particulièrement périlleux pour les interprètes. Quant à la forme de l'œuvre, elle s'articule autour de plusieurs sections facilement identifiables, marquées notamment par des changements d'instrument pour un des deux musiciens (qui joue à tour de rôle des clarinettes en si bémol et basse). Si le discours musical est généralement discontinu, certains passages, plus lyriques, permettent d'instaurer un véritable développement (sur des mélodies microtonales en relais, par exemple), voire d'introduire des processus (fait singulier dans mon travail). En effet, l'avant-dernière section, précédant une coda toute en énergie, repose sur la déformation linéaire d'un rythme obstiné, et sur l'insertion progressive d'autres idées. La dramaturgie de la pièce n'est donc pas déterminée par un choix d'écriture particulier auquel seraient subordonnées les idées musicales, mais par la combinaison de principes compositionnels qui font office de matériau.
Bruno Mantovani.