Dans Mental Radio Machine, Aurélio Edler-Copes thématise les paradoxes de la révolution numérique. Il entame une réflexion sur l’utilisation croissante de systèmes technologiques dans notre société ainsi que sur le rapport entre l’homme et la machine. Son univers se situe au point de bascule entre l’émerveillement envers les nouvelles technologies et l’effroi face à leurs dérives.
L’effectif réunit des instruments acoustiques (flûte basse, clarinette basse, alto, violoncelle et percussion), une guitare électrique et des samplers. Tous les instruments sont connectés à des amplificateurs à lampe et traités avec des pédales d’effet analogiques ainsi qu’avec une nouvelle génération de pédales open source. Ces dernières permettent de concevoir et d’intégrer des patches Max dans la chaîne de pédales des musiciens sur scène, sans passer par l’ordinateur. Une vraie fusion entre l’analogique et le numérique ! Par ailleurs, un multi-échantillonneur, conçu spécifiquement pour la pièce, permet de déclencher et de manipuler en temps réel une voix de synthèse lo-fi. Cette voix, spatialisée en quatre canaux sur scène, est en constant dialogue avec l’ensemble, créant ainsi une étrange symbiose entre voix synthétique et geste instrumental. Un corps sonore hybride, vocal et instrumental, analogique et numérique, électroacoustique et synthétique.
À la source de cette œuvre électrique se trouvent le flux textuel des derniers romans de Thomas Bernhard — leurs discours incessants, frénétiques et répétitifs, tel une voix off dans la tête du lecteur — ainsi que des symboles de la culture pop des années 1980 (ordinateurs personnels, jeux vidéo, robots, vocodeurs, radiocassettes) et certaines des technologies actuelles (reconnaissance facial, vidéo surveillance, intelligence artificielle).
Aurelio Edler-Copes, note de programme du concert du 10 septembre 2020 au T2G - Théâtre de Gennevilliers.