Pour Konter, l’approche a consisté à utiliser la flûte comme un porte-voix, au sens propre du terme. Tous les éléments percussifs – c’est-à-dire les consonnes parlées, les tongue-ram ou les bruits de clapets, etc. – mais aussi tous les sons plats et les sons ordinario ont été placés selon certaines règles respectant un alphabet sonore créé avant la composition. Au cours de la pièce, les différents fragments sonores sont lentement reliés par des règles « orthographiques » pour former des mots ou des syllabes sonores. J’ai travaillé la partie de flûte en m’inspirant d’extraits de textes de Rolf Dieter Brinkmann, à qui je fais référence dans plusieurs autres de mes pièces.
Le titre Konter fait référence à une « scène de combat » dans le dernier tiers de la pièce. En sept tours successifs, on assiste à un échange de coups entre l’instrument live et l’électronique, qui se caractérise par une manifestation vocale progressivement articulée de l’interprète et par une densité, une dynamique et une énergie croissantes. Le terme « konter » désigne une contre- attaque rapide. Il s’agit d’une technique défensive active : on repousse un adversaire en le surprenant, pendant son mouvement de frappe, par un coup puissant quasi simultané.
Eva Reiter, note de programme du concert ManiFeste du 13 juin 2024 dans la Grande Salle du Centre Georges Pompidou.