S’immerger dans le son : quoi de plus jubilatoire ? Tout comme dans une immersion sous-marine où défilent sous nos yeux les poissons, signes d’une partition aléatoire visuelle, muette mais combien chatoyante. Mais tout comme les poissons ne sont pas la mer, les sons ne sont pas la musique. Ils n’en sont que les constituants selon un ordonnancement, aléatoire pour les uns, composé pour les autres. Tous deux évoluent dans un espace qui leur est propre.
En leur absence totale, toute vie semble apparemment oubliée. « L’espace pour s’identifier a besoin de repères. Toute vacuité visuelle ou sonore pouvant devenir insupportable dans le “courant de la vie”, à moins que cette vacuité extérieure aide à en créer volontairement une en soi. C’est donc en fonction de cet espace que j’ai choisi les sons-repères qui constituent Immer/sounds : éclatements, écoulements, micro-sons, cellules rythmiques… Certains d’entre eux ont leur propre trajectoire. Entendue sur un seul haut-parleur, cette trajectoire serait déjà perceptible. Elle le devient davantage lorsque le son évolue à travers plusieurs haut-parleurs. S’immerger dans le son, pour tout dire, c’est passer de l’entendu à l’écouté.
Bernard Parmegiani.