La poésie de François Villon m’a interpellé par son univers habité d’une profonde peur de la mort. Celle-ci peut tour à tour s’exprimer avec une intimité touchante comme à travers la raillerie de l’univers social de l’époque du poète.
Ma pièce s’organise à partir de plusieurs extraits de l’œuvre de François Villon faisant référence à ces deux expressions.
Le discours musical cherche à évoluer d’une première partie très dense contenant de nombreuses superpositions de motifs, d’harmonies et de rythmes vers une troisième partie recueillie. Ainsi, j’espère que l’écoute puisse évoluer de la raillerie vers l’intimité d’un face à face avec la mort.
La partie centrale pour ensemble seul est une transition d’une situation d’appel, très clairement proposée par la trompette, vers une situation d’écoute. Elle emploie un matériel harmonique qui peut annoncer la suite ou renvoyer à la première partie.
L’œuvre se termine avec l’interruption d’un élément régulier scandé par les hommes du chœur. J’avais la volonté de signifier ainsi l’inconnu laissé par l’Histoire sur la mort de François Villon puisque celui-ci est banni de Paris en 1463 et ne laissera aucune indication sur la suite de sa vie.
Le soir de la création, le commentaire suivant était proposé aux auditeurs :
Chercher à dialoguer avec les mots que François Villon nous a laissés.
La puissance sonore d’un lointain écho disait Tristan Tzara.
Il y a plusieurs Villon : celui de la détresse et celui de la légèreté, celui qui nous prend à témoin, nous ses frères humains.
Premier poète maudit dans un univers bruyant et goguenard, il est tour à tour isolé, emprisonné et condamné.
Chanter sa poésie, c’est nécessairement la transformer. Il ne reste donc qu’une appropriation lointaine qui aimerait être un parcours à travers les superpositions, le dépouillement, la douceur et la raillerie.
Xavier Dayer.