informations générales

date de composition
1978-1989
durée
6 min
éditeur
Editio Musica, Hampstead
Dédicace
In memoriam Stephan Stein
Opus
15c

genre

Musique concertante (Cordes pincées et ensemble/orchestre)

effectif détaillé

Soliste(s)
guitare

hautbois, clarinette en mib, clarinette basse, 3 cors, 2 trompettes, 2 trombones, tuba, 2 percussionnistes, timbales, harpe, piano [vertical], harmonium (aussi clavecin), célesta, 3 altos, 3 violoncelles, contrebasse, 3 sifflets (aussi 3 sirènes)

informations sur la création

date
26 octobre 1989

Hongrie, Szeged

interprètes

les Membres de l'Orchestre de chambre Salieri, direction : Tamás Pál.

observations

Prix de Composition Musicale 1993 de la Fondation Prince Pierre de Monaco.

Note de programme

Composée en 1989 d'après des esquisses de 1978-1979, l'œuvre se fonde sur un matériau centré autour d'une séquence d'accords à la guitare – à la manière d'un choral : séquence tantôt complétée, tantôt interrompue par les commentaires mélodiques ou harmoniques des autres groupes instrumentaux.

La disposition des différents groupes instrumentaux en divers points de la salle de concert est un des éléments essentiels de la composition : dans cette œuvre aussi (comme dans la plupart des pièces orchestrales récentes de Kurtág), l'espace devient un filtre acoustique. La distance à laquelle les sons, les groupes instrumentaux apparaissent est d'une importance décisive. Ceux qui sont lointains ne sonnent pas nécessairement moins fort : s'ils sont bien perçus de plus loin (et donc moins fort), c'est toutefois leur énergie que l'on ressent ; et l'on sait qu'il s'agit d'une sonorité éloignée, mais dotée d'une dynamique saillante (de même, ce qui vient de plus près n'est pas nécessairement l'événement le plus essentiel de tel ou tel processus).

Tout se passe donc comme si l'on observait l'espace à travers des verres dont le grossissement change aussi. Ou encore : comme si l'on sentait à travers la peau que l'air ambiant est plus dense ou plus raréfié... Et c'est la nature du matériau musical qui fait que l'on perçoit plutôt des directions (dans les parties solistes, dans celles qui sont ajourées en effectifs de chambre), ou plutôt l'espace qui soudain se remplit de son (au point culminant de l'œuvre, lors de l'entrée des klaxons et des sifflets).

Grabstein für Stephan représente une station exceptionnelle dans tout l'œuvre de Kurtág. S'il y a bien des compositions dont la sonorité est semblable (par exemple dans la série des Játékok), si certaines solutions aussi peuvent paraître proches (dans les autres pièces de l'op. 15 ou dans les Microludes), la souplesse de la forme et la narrativité qui se font jour sont sans précédent. Comme si s'amplifiait ici le matériau d'une composition brève, aphoristique : les gestes sont plus vastes, ils prennent (et se donnent) plus de temps. La grande forme ne se construit donc pas par mosaïques : elle s'ouvre pour ainsi dire à partir d'une vue d'ensemble, à mesure que l'attention se porte sur tel ou tel motif.



András Wilheim.

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