Un unique son se divise et devient un intervalle qui se scinde à son tour et forme des accords façonnant peu à peu une harmonie qui se complexifie jusqu'au point de s'unifier en un timbre unique...
À l'image d'une plante qui à partir de la graine ramifie et déploie jusqu'aux extrémités son arborescence, Essor fait entendre la transmutation progressive d'un son en un timbre. Comme pour le végétal aux cellules programmées par les lois de l'espèce, les conditions de cette transformation sonore préexistent et sont déjà contenues dans l'élément initial. En effet, dès l'instant où les premiers instruments jouent, la matière musicale se construit de l'intérieur : le son original confronté d'abord à sa propre résonance — avec laquelle il module — interagit ensuite avec les particules sonores créées par cette opération. Un tel mécanisme, où chaque nouvel élément apparu intervient dans la génération du matériau sonore, engendre une expansion à la densité croissante qui conduira l'orchestre du presque silence à la saturation harmonique, du calme le plus étal à des mises en mouvement de la colonne sonore toute entière. La percussion qui ponctue ce déroulement dévoilera en fin de parcours — en l'exposant et en la décomposant — la configuration ultime au-delà de laquelle seraient franchies les limites instrumentales. La musique n'a plus d'autre choix que le retour au silence originel.
Claudy Malherbe.