Dans cette pièce pour instruments et dispositif électroacoustique, chacun de ces deux domaines (instrumental, électronique) constitue un univers particulier, et réagit de manière individuelle, contre l'autre, tout au long de l'œuvre.
Le début de la pièce est amorphe, l'on entend des chuchotements et des balbutiements, évoqués uniquement par les instruments, puis une sorte de « langage » prend peu à peu corps. Au fur et à mesure s'instaure un processus de communication entre les quatre instrumentistes. L'intrusion de l'autre monde (celui des sons émis par les haut-parleurs) se fait de façon à peine palpable : sous forme de résonances artificielles, ce sont des sonorités instrumentales particulières qui sont tout d'abord projetées dans la salle, brisant ainsi leur relation habituelle avec l'espace.
Petit à petit, les événements musicaux provenant du monde des haut-parleurs commencent aussi à se différencier. Des formes musicales autonomes se développent peu à peu, passant du stade de simples commentaires à celui de l'élaboration d'un langage musical. Les instruments, qui ont enfin trouvé un langage propre, commencent à l'utiliser pour converser de manière éloquente, mais sont de plus en plus refoulés à l'arrière-plan par les sonorités émises par les haut-parleurs. Le discours est de plus en plus confus, devient heurté et haché. Les instrumentistes opposent enfin un tel refus qu'ils finissent par renoncer, par se « dé-dire » (entsagen)...
Et le monde des haut-parleurs, après s'être dirigé vers un alla marcia enflammé, finit par se détruire lui-même pour retourner au début de l'œuvre : un chuchotement à plusieurs voix, qui finit par s'éteindre.