El camino : le chemin. L'œuvre comme cheminement, peut-être, et l'œuvre musicale comme passage d'un espace — ici, l'espace d'un instrument : le violon.
La géographie du violon pourrait être, en effet, ce chemin à parcourir, avec ses jalons, ses balises séculaires : est-ce par volonté ou par hasard que, des cinq trajets (« cinq sections, différenciées par leur mode d'écriture ») que propose la pièce, trois prennent leur départ sur un ré ou un la — les cordes à vide de l'instrument.
Ce la, obstinément tenu et entretenu au cœur de la pièce, fait l'objet d'un véritable travail d'encerclement, de circonvolution : une étude sur l'entourage, proche ou lointain, du la.
Chaque trajet a, par ailleurs, son allure : le premier — vif [lebhaft] — est heurté ; le second — plus calme [ruhiger] — s'étire dans l'aigu, tandis que le mouvement de l'archet se fait « le plus lent possible » ; son trémolo final, libérant subitement l'énergie contenue, se poursuit dans l'agitation des figurations rapides du troisième passage ; le quatrième sera donc d'abord ce délicat travail d'équilibriste autour, ou plutôt sur la corde du la, mais cèdera peu à peu à l'emportement, jusqu'à culminer dans « un cri perçant » ; le dernier, enfin, de nouveau calme [ruhig], s'essaie plusieurs fois au diminuendo al niente, avant l'immobilité totale.
Fabian Panisello.