L’opposition entre les deux paradigmes que définissent la musique populaire d’aujourd’hui et la musique savante est un problème qui a beaucoup influencé mes études. Ce problème a été parfois l’objet d’une réflexion (on peut penser aux interventions polémiques de Theodor W. Adorno ou aux analyses de P. Tagg), mais plus généralement il existe un conflit d’intérêts qui vise à occulter à chacun des deux pôles la question de l’existence de l’autre.
Existe-t-il des degrés de passage entre ces deux mondes ? Peut-on chercher à donner une force d’émancipation au langage stéréotypé de la culture industrielle ? Le Pop Art est-il possible en musique ?
A l’aide de PatchWork (logiciel de composition assistée par ordinateur), j’ai analysé et déformé quelques fragments de deux pièces de popular music : When I come around (Green Day) et Xtal (Aphex Twin). Ensuite, j’ai fait fusionner ces objets en un seul organisme.
Génétiquement, le résultat est un hybride, un monstre, dont la monstruosité est proportionnelle à la diversité des éléments qui le composent : il nous observe, incapable de communiquer et souriant. Parfois, ce freak a la même expression hébétée du joueur de banjo dans le film de John Boorman auquel le titre fait allusion. C’est alors que je rêve d’être le guitariste citadin qui réussit à dialoguer pour quelques instants avec lui, avant que les autres hillbillies...
Andrea Cera.