À la fin de l'année 2008, le cinéaste et plasticien Pierre Coulibeuf m'a proposé d'écrire une musique pour un film dont il allait commencer le tournage quelques semaines plus tard. Ce film devait s'inspirer du musée de Porto Alegre dédié à l'œuvre du peintre brésilien Iberê Camargo, dont la conception a été confiée à l'architecte Alvaro Siza. À l'image de l'art de Camargo, ce bâtiment tortueux semble en perpétuel mouvement, et Pierre voulait mettre en relief cet aspect de ce lieu à la fois sobre et complexe. Plutôt que d'attendre de voir les images et d'écrire une musique illustrative, j'ai décidé de composer une suite de séquences pour piano que Pierre pourrait utiliser à sa guise, séquences inspirées à la fois par l'édifice et par les peintures qui s'y trouvent.
C'est à partir de ces séquences que j'ai composé Dédale (titre de mon œuvre mais aussi du film), qui repose à la fois sur un certain statisme contemplatif, mais aussi sur des modes de jeux très violents. Le mouvement est ici présent à tous les niveaux, à l'intérieur de chaque section comme dans la confrontation entre des idées musicales aux énergies très différentes.