Circa Sika est la première pièce du cycle Nara. Ce cycle repose sur le concept de Narrats d’Antoine Volodine comme « instantanés romanesques qui fixent une situation, des émotions, un conflit vibrant entre mémoire et réalité, entre imaginaire et souvenir. ». Il se nourrit également de mes impressions lors de mon premier séjour au Japon – principalement dans la ville de Nara, où j’ai été fasciné par le caractère sacré de la nature et par un sentiment de coexistence pacifique d’entités extrêmement différenciées au sein d’un tout à l’instar des Sika – cerfs japonais, qui vivent en pleine liberté parmi les hommes. Ainsi, Circa Sika met en jeu plusieurs types de matériaux considérés comme autant de « brèves pièces musicales dont la musique est la principale raison d’être ». Citons par exemple un système de hauteurs et de gestes basé sur les cordes à vide et le bariolage, des accords-motifs dérivant de l’analyse spectrale d’un son de nyo – gong japonais pratiqué dans les cérémonies bouddhistes – , ou encore l’utilisation de sons de cloche transposés dans le grave comme marqueurs formels. Tous ces éléments créent un réseau de micronarrations musicales qui se construisent et se déconstruisent au sein des résonances électroacoustiques. La forme globale est ouverte et pensée comme la résultante de ces microévénements ; c’est une fenêtre qu’on ouvre sur un paysage en perpétuel mouvement...
Aurélien Dumont.