Cette pièce est inspirée par l’effet Tcherenkov, qui produit une lumière bleue lorsqu’une particule porteuse d’une charge électrique traverse un milieu transparent comme l’eau ou l’air à une vitesse supérieure à la vitesse de la lumière dans ce milieu, puisque la lumière est moins rapide dans l’eau que dans le vide. J’ai appliqué ce processus de la réaction nucléaire pour la construction formelle. La pièce débute par des attaques illustrant des particules qui possèdent de l’énergie, ensuite elles commencent à se disperser, et à créer une polyphonie chaotique qui atteint un état d’explosion illustré par des boucles. Dans la section duo trombone et violon, les deux instruments incarnent respectivement les électrons et la lumière. Au début, le violon joue de manière rapide alors que le trombone, lui, est lent. Au fur et à mesure, les deux instruments vont intervertir leur vitesse, c’est-à-dire que le trombone devient de plus en plus rapide comme les électrons dans l’eau, et le violon ralentit comme la lumière. Ensuite, une partie du chant, qui représente la lumière bleue et se manifeste essentiellement par l’électronique, se détache de plus en plus par augmentation du volume. Les sons du résonateur complètent et se mélangent subitement avec le trombone et les autres instruments. J’ai trouvé ce phénomène sublime car la nature nous montre une jolie lumière bleue alors qu’il y a derrière des processus complexes. J’aimerais avec cette pièce dévoiler ces processus de façon métaphorique.
Selim Jeon, note de programme du concert ManiFeste du 15 juin 2024 à la Maison de l'Orchestre national d'Île-de-France d'Alfortville.