Cadenza pour piano solo qui date de 1978 est issu de son Concerto pour piano et orchestre. Ce dernier étant bâti sur un alternance de « cadences » et de moments où l'orchestre se trouve en prolongement du soliste. Cadenza peut être considéré comme un microcosme du concerto dans lequel les différentes cadences se succèdent sans grande modification par rapport au texte original.
Du point de vue stylistique, cette œuvre dévoile certaines caractéristiques typiques du langage de Philippe Boesmans : en premier lieu, un goût très marqué pour les phénomènes harmoniques. L'intervalle initial (mi bémol-sol) peut s'entendre comme un souvenir d'une résonnance naturelle (voire même comme un écho de mi bémol Majeur), assure ainsi une cohérence harmonique à toute la pièce.
Son omniprésence, située toutefois dans des contextes variés, propose à cette œuvre une unité sonore qui la rend aisément repérable. Le goût marqué pour les notes polaires (retour périodiques de certaines hauteurs), prolonge dans une autre direction cette quête de stabilité harmonique, extrêmement caractéristique de son auteur. Un jeu constant entre les contrastes dynamiques viendra apporter une articulation expressive à des champs harmoniques assez immobiles, donnant à la musique, par le jeu fréquent des résonnances du piano, un effet contrasté. Enfin, la figuration oscillant entre des plages contemplatives, des brusques accords où des traits virtuoses (n'oublions pas qu'il s'agit de cadences) achèvera de donner à cette pièce son caractère de fantaisie, pouvant rappeler lointainement le fait que les cadences autrefois s'improvisaient.
En résumé, un piano chatoyant, très virtuose, évoluant dans un halo harmonique extrêmement persistant.