Ces quatre pièces (Appels, Arsis et Thésis, Voix dans un vaisseau d'airain, froissement d'ailes) ont été composées à des époques différentes. Il se trouve que, procédant d'une préoccupation commune, elles se « répondent » en quelque manière : la caisse claire, mise en vibration par sympathie avec les instruments à vent dans Appels, donne un bruit blanc proche du souffle qui est le matériau d'Arsis et Thésis ou la chanson de souffle ce même souffle revient, très fortement « vibré » par les flatterzung de la flûte dans Froissement d'ailes, puis, souffle sec, est orchestré à nouveau par le cor et la caisse claire vibrante des Voix dans un vaisseau d'airain « chants en escalier » donnant naissance à des timbres éoliens. Il ne faudrait pas isoler le timbre musical des multiples dimensions de la musique qui se suscitent mutuellement. La phrase surgit sans paroles dans une respiration qui interroge et se plaint (Arsis et Thésis), dans le flatterzung où frissonne la peur (Froissement d'ailes), dans un point d'orgue et des silences qui appellent (Appels), dans une marche harmonique qui monte par paliers (Voix dans un vaisseau d'airain « chants en escalier »). Parler de phrase mélodique, ce n'est pas user de métaphores. Toutes musique n'est-elle pas déjà, par là, apparentée à la voix ? Le travail électro-acoustique dans ces quatre pièces est conçu pour la « transformation en direct » dans une salle de concert. Il ne cherche jamais à transformer simplement le timbre, mais a découvrir les profondeurs cachées des instruments : amplification de la caisse claire et mixage de l'orchestre dans Appels, grossissement du souffle dans Arsis et Thésis et dans Froissement d'ailes, création de l'espace autour de la voix et amplification de la caisse de résonance du piano où se répercutent la voix, la flûte et le cor, pour transformer la chanteuse en actrice dans Voix dans un vaisseau d'airain.