La technique du cor en fa s'appuie sur les harmoniques naturelles que le corniste apprend à corriger avec les lèvres ou la main dans le pavillon, afin de les ajuster à la gamme tempérée. Ici, je restitue le cor à ses origines : le son non tempéré et les multiples possibilités d'intonations naturelles de l'instrument.
Quant aux formes brèves, elles sont dues à ce qui me pousse à toujours explorer les limites de ma propre technique en prenant des risques inconfortables, mais ô combien enrichissants. Plus prosaïquement, le cor doit respirer et les lèvres doivent s'adapter : une longue pièce aussi dense et difficile eût donc été irréalisable.
Mouvement : pièce lente mais dynamique, elle exprime « l'état fusionnel » et les deux cors affirment ici un seul instrument idéalisé ou le glissement de l'un à l'autre serait perceptible.
Accord Perdu : de la fusion à la distanciation, Accord Perdu est un « canon divergent » à deux voix.
Faux Mouvement : c'est la reprise d'une idée semblable à celle de la première pièce : « continuum et tension ». Pourtant, à l'horizon — comme les scories de cette fusion — apparaît l'ébauche d'une dissociation des instruments sous la forme d'une articulation mélodique : « le temps du langage refait surface ».
Cor à Cor : annoncé par l'ébauche de dualité ainsi que par les glissandi de la deuxième et de la troisième pièce, Cor à Cor est une véritable retombée dans l'univers dualiste où les deux cors ne sont plus sublimés, mais s'affirment « l'un contre l'autre ». Luttes, aboiements et accrochages où le grotesque côtoie l'essouflement.
Chute : pièce conclusive s'enchaînant directement à Cor à Cor, Chute conclut le cycle en explorant les graves du cor ainsi que les sons multiphoniques. Fusion, retour au calme ou entropie ?
Gérard Grisey.