Abîme apogée est une pièce qui s’inscrit dans le projet « unirsi al cielo » du concours San Fedele de Milan et dans le cursus 2 d’informatique musicale de l’IRCAM. Pièce écrite pour un ensemble de quatorze musiciens, électronique et chœur virtuel, elle s'inspire à la fois de la cosmologie chinoise et de la figure d’Hildegarde de Bingen. Il s’agit ici de poursuivre mon travail de recherche sur l’hétérogénéité des matériaux par le dialogue d’une écriture instrumentale effacée et violente avec une électronique harmonique et intimement dérivée de la voix. En interrogeant le lien entre la fixité du matériau et le mouvement continu, l’œuvre tente d’aboutir à un équilibre en perpétuelle mouvance, à l’instar de l’unification des éléments de la cosmologie chinoise dans le Taiji-Tû. Le texte du chœur de femmes diffusé a été écrit par Dominique Quélen. Il repose sur une symbolique proche des écrits de Hildegarde de Bingen pour représenter un double mouvement d’élévation spirituelle et de déclin. La voix est omniprésente dans l’œuvre, car le dispositif électronique se centre sur l’élaboration d’objets musicaux hybrides à partir de descripteurs du signal, entre geste instrumental et réponse vocale. La clarinette, le trombone et le violon sont concernés par ce dispositif qui permet en quelque sorte la création d’instruments augmentés, ou de méta-instruments. Formellement, Abîme apogée propose un voyage qui laisse de plus en plus de place à l’électronique et à l’élaboration de paysages sonores oniriques.
Aurélien Dumont.