Cette pièce a été écrite à l'occasion du projet El Canto initié par le Forum international de la musique chorale, qui consistait à commander des œuvres chorales à divers compositeurs européens, sur le thème du « Pélerinage à Compostelle ». Ce thème n'impliquait pas nécessairement une dimension religieuse, mais pouvait être considéré comme le symbole d'un rassemblement des peuples.
Les textes chantés dans ...amaris et dulcibus aquis... sont extraits du Guide du pélerin de Saint-Jacques de Compostelle — texte anonyme du XIIe siècle qui décrit les célèbres chemins de Saint-Jacques et les étapes des différentes routes. C'est une sorte de « Guide Michelin » du Moyen Âge, où les renseignements pratiques voisinent avec les légendes religieuses, les conseils pieux et les descriptions pittoresques, mais souvent pleines de préjugés, des peuplades que l'on trouve sur le chemin. Quatre chemins sillonnent la France ; on en trouve encore les traces aujourd'hui. Après le franchissement des Pyrénées, ils se rejoignent et forment alors une seule route, qui prend le nom de camino francés.
Parabole de la quête de nos vies, le chemin de Saint-Jacques est merveilleux et périlleux : on y rencontre l'hospitalité, mais aussi les brigands. Les eaux de certains fleuves sont bonnes à boire, d'autres sont empoisonnées : eaux douces et amères... Le texte est chanté dans son latin original (le latin du moyen âge, qui diffère un peu du latin classique). Il décrit les quatre chemins de France et le camino francés qui traverse le nord de l'Espagne, énumère les villes traversées et met en garde contre les périls qui jalonnent la route. Le chœur est soutenu par deux synthétiseurs, qui complètent les harmonies et ajoutent une couleur microtonale.