Sur les routes, la vie se déroule en séquences (violence, jeux d’enfants, solitude oppressante) ou s’offre aux étendues infinies. Les routes sont, et ont toujours été, des symboles de mobilité, de qualité de vie, de vitesse et de liberté. Dans ...along 101..., je me suis intéressé aux immenses sections de routes des États-Unis, reliant les différentes régions urbaines, les divers courants architectoniques, les subcultures et les mélanges multiculturels. Ce qui m'a particulièrement intéressé d'un point de vue compositionnel est l'écart qu'un procédé conséquent et constructif peut admettre, par des digressions « étranges » ou « inattendues », sans aboutir en retour à la forme d'un collage. Le résultat recherché est au contraire la sublimation, comme dans un creuset, de ces impressions et instants variés. Combien de temps peut-on s’écarter d’une idée fondamentale dans sa tête sans dégrader l’énergie ? Combien de temps peut-on se pencher par la fenêtre sans tomber ? À une première partie, que l’on pourrait presque qualifier de prélude, succède une partie mécanique complexe débouchant sur une fin ouverte. La virtuosité fait également partie des éléments fondamentaux de l’œuvre. La complexité syntagmatique de cette composition naît d'une polyphonie flexible en strates, dont les différents niveaux musicaux évoluent de façon synchrone. Ils se distinguent les uns des autres grâce à des degrés de présence variables, exprimés grâce à l'intensité de leurs dynamiques, leurs densités et de leurs individualisations.
Michael Pelzel.