I
Un peu de voix
S’achoppant
À soi même
L’invisible debout
Devant l’oiseau
La gorge noire
De lumière
La bouche désaffectée
Offusquée de cailloux et de fables
Ses empreintes
De plus en plus profondes
Dans le resserrement du jour
Bride l’expansion dans la clarté
II
Aiguë, l’herbe passe dans le soleil, bleue
Becs lucides brasillent feuillages
De granit nuques bourdonnent
Aux jarrets des jonquilles jusque
L’ombre tombe des prairies mariales
La mésange saigne sur l’ouïe
Muette ou quelque combe
Vers la lumière infranchissable
III
Part intouchable part
La bouche
De part
- après éblouissement -
En part
Apurant le néant
IV
Avec
L’inachevé
A son faîte
De désir, tenu, tendu
Non tenu de mort
Qu’il se jette
Enroulé dans sa chute
Plumage moite enflammé
Fasciné
De failles
Du bleu passe vers le monde.
Devant tout autour
En hauteur
À tourner dans nous
Une muraille
Que la nuit étaye
Élévation étouffement
Ta rare respiration
Soleil,
Rat dans la ramure de l’aigle.
En justice de foudre
Les mains coupées
Renaissent
Présage de langueur
Dégagée du grain
Guêpe des figuiers
Neige de l’ange
Du – abruptement-respirer-que –
Dans Aibre
Débute
Insigne printemps
Sa compacité turbulente
Arbre élucidé
De la foudre
Accueille en avant des fleurs
Ce corps de cueillir
V
La faille, en bas
Haut(e), l’inachevé à son faîte
Avouant langueur à l’ange
Dans la cécité blanche du corps
Je suis le voleur aux mains coupées
Pour la thrène de tes lombes adoubées de l’abeille et ta nuque
Nubile
Parmi le froid Parmi les arbres je me tiens dans la mort
Le visage pantelant de temps
Dépouillé dans la ténèbre qui procède du soleil.
Criant vers.
Une lumière brûle les bords de ta voix
Poussière sur les sandales
Invisiblement dans l’éphémère les cerisiers fleurissent,
- Déracinant l’inséparable d’ici
Ta chevelure dans l’obscurité de la fenêtre
Plus cachée que le soleil descend jusqu’à tes pieds
Qui font bifurquer le chemin
Lumière sans arbre sans
La ténèbre qu’apporte un corps
Chaos s’il est beau lumière
De cette célérité blanche
D’une lettre
Au bord du cri de la durée de l’air
A droite et dans la chute
Un aigle inaugure la montagne
Toucherais-je en ta bouche
L’été muet
Ultime resserrement du jour
de page en murmure
le dispute à l’ange
là-bas
s’arrête le jour tout à coup
l’obscurité
confond introublée le corps bouleversé
Lin Delpierre, extraits de Le testament des fruits.