La Pensée est née aveugle, mais elle sait ce qu'est le voir.Son toucher délicat, déchiffrant sous les contours les formes,Toujours suggère la forme comme quelque chose dont le propre êtreDrape d'obscurité trompeuse le simple toucher qui découvre.Et comment cependant, sinon en devinant la vue, le toucher enseigne-t-ilQu'il n'est qu'un sens vide et limité ?Comment le simple toucher, insatisfait de lui, atteint-ilL'entière intelligence de quelque sens plus vrai ?La chose une fois touchée, si l'on oublie le toucher même,Demeure encore en la mémoire, réelle et extérieure,Ainsi l'intouchante mémoire du toucher s'accordeAvec le sens d'un sens par lequel sont montrés les objets éloignés,Ainsi par un toucher qui ne touche, faussement juste,La tactile pensée de voir ne voit les objets, mais la Vision.

Sonnet XLIII

En se fermant mes yeux prennent meilleure vue,Ne voyant tout le jour que choses sans beauté ;Mais si je dors, ton ombre en mon rêve apparueLes tient, sombrement clairs, en cette obscurité.


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