« Dans une maison, un enfant est présent ; dans
la chambre à côté, sa mère. On ne sait si elle
dort, elle est absente à elle-même, à la vie, à
l’enfant. Bedroom eyes fait entendre la voix de
l’enfant qui alterne le « je » et le « il ». Elle dit la
parole déchirée, qui avance avec des mots simples
et ordinaires pour reconstituer l’événement de cet
après-midi-là. Une pièce sur la violence du silence.
Le travail de Frédéric Vossier pose une question
quant au temps qu’il explore dans ses pièces : un
temps proche d’un long et lent plan-séquence qui
viendrait, par son déplacement, révéler des images
floutées, en devenir, en suspension. Ici, l’image
vient trouver sa place dans la langue où cette
dernière serait telle une caméra qui observerait
avec minutie le déroulement du récit. Il s’agit par
là de questionner la dimension cinématographique
de cette pièce mais, également, de questionner
l’image à travers le souvenir d’une enfance
blessée. L’image devient alors la résilience d’un
récit inavoué.
Le travail que nous commençons avec l’Ircam pose
la question de l’immersion sonore dans le récit. En
effet, le souvenir ne se constitue pas seulement
d’images, mais de sons. C’est ici la nature de notre
laboratoire : comment construire la spatialisation
du son en accord avec ce qu’il nous reste du
souvenir. Travailler le son comme une affection. »
Cyril Teste

Centquatre

Quatre metteurs en scène (Émilie Rousset, Matthieu Roy, Cyril Teste et Guillaume Vincent) s'emparent de la question technologique in vivo. Entourés d'acteurs et de techniciens, ils ont constitué un groupe de recherche, autour de Ludovic Lagarde pendant une saison, pour explorer les métamorphoses de la voix et de l'espace, issues des recherches conduites à l'Ircam. Du labo au plateau, la technologie est à l'épreuve du corps et de la scène.