Né dans l’ouest du Danemark (Jutland) en 1909, Holmboe pose sa candidature pour entrer à l’Académie Royale de Musique de Copenhague en 1926, à l’âge de seize ans, et, sur la recommandation de Carl Nielsen, entre dans la classe de composition, où il poursuit ses études jusqu’en 1929. En 1930, il quitte le Danemark pour étudier à Berlin, et trois ans plus tard, sa passion pour la musique populaire l’entraîne en Roumanie, où il passe un année à étudier la musique locale. Il comprit très vite l’un des traits majeurs de la musique populaire : «l’expression vivante, jamais complètement formulée, des sentiments, des désirs et de l’existence quotidienne d’un peuple» (tiré se son livre Experiencing Music).

Pendant les années quarante, Holmboe devient la figure principale de la musique contemporaine danoise et occupe le vide créé par la mort de Nielsen en 1931 ; l’exécution de sa Cinquième Symphonie (1944) au Festival de l’ISCM en 1947 lui forge une réputation internationale considérable.

Durant huit ans, il fut critique musical au quotidien danois Politiken et enseigna au Conservatoire pendant 15 ans. Il a marqué la vie musicale danoise pendant plus de 60 ans. Son influence est considérable, non seulement du fait de ses quelques 400 compositions mais aussi parce qu’il fut le professeur de nombreux compositeurs danois parmi les plus connus de la génération qui suivit la sienne.

Ce n’est pas un hasard si ses élèves, parmi lesquels Per Nørgard, se retrouvent aujourd’hui au tout premier plan de la musique contemporaine. Après avoir arrêté d’enseigner en 1965, Vagn Holmboe se consacre entièrement à la composition. On notera parmi les célébrations marquant son quatre-vingtième anniversaire en décembre 1989, sa Douzième Symphonie, commande du BBC Welsh Symphony Orchestra.

Il s’est éteint le 1er septembre 1996 à l’âge de 86 ans après avoir longtemps lutté contre une rare maladie du sang. Durant ses dernières années, et malgré sa maladie, il acheva plusieurs oeuvres importantes et supervisa deux grandes séries d’enregistrements de ses propres oeuvres, à savoir, ses symphonies chez BIS et ses quatuors à cordes chez Da capo.

Il a souvent réfléchi au but de la musique. Dans un ouvrage intitulé Mellenspil (Intermède), il déclare : «Elle [la musique] a le pouvoir de développer la conscience, d’élargir l’intellect, d’enrichir la vie émotionnelle, mais à la condition que la musique soit elle-même une galaxie de forces coordonnées, qu’elle s’adresse à la fois aux sentiments et à la pensée, que le chaos réside en elle mais qu’il soit maîtrisé à tout moment.»

Sa musique incarne ces idéaux. Elle peut être sérieuse ou pleine d’esprit, puissante ou subtile, tragique ou triomphale. Elle engendre et équilibre des forces opposées. Elle forme un tout fécondant.Ses oeuvres pour chambre, orchestre et choeur sont connues dans le monde entier. Ces sept dernières années, les compositions de Holmboe ont été créées au Danemark, en Suède, en Finlande, au Pays de Galles, au Canada et aux Etats-Unis. Et bien que sa mort soit une énorme perte, on continuera à entendre sa musique partout où l’on attache de l’importance à une création unique et profondément humaine.