Mauricio Kagel suit des Ă©tudes de musique, dâhistoire de la littĂ©rature et de philosophie Ă lâUniversitĂ© de Buenos Aires et devient conseiller artistique de lâAgrupacion Nueva Musica Ă lâĂąge de 18 ans. Il est co-fondateur de la cinĂ©mathĂšque argentine, critique de cinĂ©ma et de photographie. Il commence Ă composer ses premiĂšres piĂšces instrumentales et Ă©lectroacoustiques. De 1955 Ă 1957, il est directeur des rĂ©alisations culturelles Ă lâUniversitĂ© et des Ă©tudes Ă lâOpĂ©ra de Chambre, et chef dâorchestre au Teatro Colon.
Câest en 1957 quâil sâinstalle Ă Cologne oĂč il crĂ©e deux ans plus tard le Kölner Ensemble fĂŒr Neue Musik, et entre 1969 et 1975, dirige les Cours de musique nouvelle Ă Cologne. Depuis 1974, il occupe la chaire de thĂ©Ăątre musical, ouverte pour lui Ă la Hochschule fĂŒr Musik.
MĂȘme si Kagel nâest Ă lâorigine dâaucune « Ă©cole », trente-cinq annĂ©es dâenseignement ont eu un impact important sur un grand nombre de compositeurs dâune gĂ©nĂ©ration plus jeune.
LâĆuvre de Kagel est Ă©tendue et variĂ©e. Il est lâauteur de compositions pour orchestre, voix, piano et orchestre de chambre, et de trĂšs nombreuses Ćuvres scĂ©niques, films et piĂšces radiophoniques.
Au dĂ©but des annĂ©es 1960, le compositeur a mis lâaccent sur le thĂ©Ăątre instrumental, dont Sur ScĂšne (1959) est la premiĂšre manifestation et va faire de lui une autoritĂ© dans le paysage de la crĂ©ation musicale europĂ©enne. Par la suite, ses piĂšces instrumentales et scĂ©niques se multiplient entrecoupĂ©es de symphonies de conception «ouverte», HĂ©tĂ©rophonie et Diaphonies I, II et III.
Dans les annĂ©es 1970, il dirige son travail vers la dĂ©construction de la grande tradition (Bach, Beethoven, Brahms), quâil confronte Ă des formes de musique de variĂ©tĂ©. En 1970, Ludwig van vient souligner, par le retentissement de sa version cinĂ©matographique, lâinvention de Kagel dans les genres de la scĂšne, du concert, du cinĂ©ma et de la radio. LâannĂ©e suivante, Staatstheater prĂ©cĂšde de peu un retour Ă lâorchestre symphonique avec les Variationen ohne Fuge. PiĂšces instrumentales et piĂšces thĂ©Ăątrales continuent de sâimbriquer dans cette exploration des sons inouĂŻs et des gestes «producteurs» de musique : de CharakterstĂŒck pour quatuor de cithares et Exotica pour instruments extra-europĂ©ens (1972) aux deux opĂ©ras Die Erschöpfung der Welt (1980) et Aus Deutschland (1981). Dans les annĂ©es 1980, Kagel brise de plus en plus les conventions et les habitudes auditives : RrrrrrrâŠ, ensemble de 41 piĂšces (1980-1982) et TroisiĂšme quatuor Ă cordes (1986-1987).
Lâesprit thĂ©Ăątral et lâhumour de Kagel restent toujours sous-jacent dans les piĂšces de ces derniĂšres annĂ©es, oĂč le compositeur revient pourtant plus souvent Ă lâutilisation dâune instrumentation plus traditionnelle : cycle Die StĂŒcke der Windrose pour orchestre « de salon » (1991-94), Ătudes (1992-96) et Broken Chords, pour grand orchestre (2002), Quirinusâ Liebeskuss (2002), pour ensemble vocal et instruments, Fremde Töne und Widerhall pour orchestre (2005).
Mauricio Kagel est laurĂ©at de nombreux prix : Koussevitzky Prize en 1965, ZĂŒrichâs Scotoni Prize pour Hallelujah en 1969, Adolf Grimme Prize : 1970, 1971, Karl Sczuka Prize de la radio Southwest de Baden-Baden en 1980, prix Erasmus en 1998, prix Maurice Ravel en 1999, Ernst von Siemens Musikpreis en 2000, doctorat dâhonneur de la Musikhochschule Franz Liszt Weimar et Jena en 2001, prix de lâuniversitĂ© du Texas en 2005. Il reçoit, en outre, la mĂ©daille Mozart de Frankfort, la nomination française de Chevalier des arts et des lettres, le Bundesverdienst Orden allemand et la nomination de premiĂšre classe et membre de lâAcademie des Arts de Berlin.