Bára Gísladóttir étudie la composition à l’Académie des arts de Reykjavík, au Conservatoire Giuseppe Verdi de Milan et à l’Académie royale de musique du Danemark. Également contrebassiste de formation, elle appartient à Elja Ensemble, au Skark Ensemble et au groupe balkanique Orphic Oxtra. Elle est aussi régulièrement interprète de ses propres compositions, dont récemment son concerto pour contrebasse Hringla (2022).
Bára Gísladóttir approche le son comme un être vivant. Les harmoniques, les registres liminaires et les multiphoniques jouent un rôle essentiel dans ses œuvres, insufflant une atmosphère de mystère au développement graduel. Le large spectre d’harmoniques de la contrebasse, omniprésente dans le catalogue de la compositrice (soliste, concertante ou accompagnée d’électronique), se prête naturellement à ses recherches.
Le concept de non-ingérence est central dans le travail de Bára Gísladóttir. Les développements, les situations sont observés de loin et sans jugement, comme l’illustre la note de programme d’Animals of your pasture (2021) qui prend l’idée de regarder un troupeau de différents angles, de plus ou moins loin, « où le chaos sauvage est autorisé à être ce qu’il est, sans qu’aucune partie n’intervienne pour prendre ou gagner le contrôle, sans tentative de structurer ou de systématiser quelque chose qui est, tout simplement1. » De la même façon, la compositrice confronte des sujets et des situations inconfortables, sans pour autant chercher à leur conférer de morale ou de signification : Suzuki Baleno (2016) pose comme énigmatique point de départ « Que faire lorsque votre père se présente au volant d’une Suzuki Baleno bleu foncé flambant neuve qu’il n’aurait jamais pu s’offrir et que vous avez huit ans2 ? ». La violence est, par extension, également un motif récurrent : des pensées suicidaires de A lil requiem before Super Bowl (2018) aux attaques au sarin du métro de Tokyo de 1995 dans VAPE (2016), où la compositrice s’intéresse à la première réaction commune des victimes de s’expliquer l’événement par des justifications non-violentes.
Ses pièces ont été jouées par l’Orchestre symphonique national danois, le Copenhagen Phil, le Danish National Vocal Ensemble, l’Orchestre symphonique d’Islande, l’Orchestre symphonique d’Helsingborg, Frankfurt Radio Symphony, l’Ensemble InterContemporain, l’Ensemble Adapter, l’Ensemble Recherche, le Riot Ensemble dans des festivals comme le Huddersfield Contemporary Music Festival, le festival Musica, l’Automne de Varsovie, Transit, Dark Music Days, Darmstädter Ferienkurse, KLANG Festival, SPOR Festival, International Rostrum of Composers, Nordic Music Days et les Wittener Tage für neue Kammermusik.
Bára Gísladóttir est membre du collectif de composition suédo-islandais Errata, dont l’objectif est de créer une plateforme permettant aux jeunes compositeurs de faire connaître leur art et de promouvoir des techniques de composition et des formes de distribution nouvelles et innovantes. En 2021, elle fait partie des trois artistes à recevoir une bourse de trois ans de la part de la Fondation danoise pour les arts. Ses pièces sont publiées par Edition·S.
Prix et distinctions
- Carl Nielsen and Anne Marie Carl-Nielsen Foundation Talent Award, 2019 ;
- Léonie Sonning Talent Prize, 2018 ;
- Grapevine Music Award, 2017.
- Note de programme de Animals of your pasture, sur le site de la compositrice.
- Note de programme de Suzuki Baleno, sur le site de la compositrice.