Orphelin issu d’une famille d’industriels du Nord, Albert Roussel est élevé par son grand-père, puis par un de ses oncles. Admis à l’Ecole navale en 1887, il découvre le Proche-Orient en 1889, grâce aux voyages qu’il effectue sur le navire-école le Borda. En 1893, il effectuera une croisière en Extrême-Orient sur une canonnière, le Styx. En réalité, il s’est toujours intéressé à la musique, à laquelle il consacre ses jours de congé. A son retour d’Extrême-Orient, il obtient un congé de longue durée qu’il met à profit pour étudier l’harmonie au Conservatoire de Roubaix, sous la direction de Julien Koszul qui décèle les dons exceptionnels de son élève et l’envoie poursuivre ses études à Paris. Il étudie le piano, l’orgue, l’harmonie, le contrepoint avec Eugène Gigout, puis la composition et l’orchestration sous la direction de Vincent d’Indy à la Schola Cantorum. Il se marie en 1908, fait un voyage aux Indes, à Ceylan et au Cambodge, qui inspirera au musicien le triptyque des Evocations. En 1913, la création du ballet Le Festin de l’Araignée connaît un franc succès.
Interrompue par la guerre, que Roussel passe dans une section des transports à Verdun, la composition de son opéra Padmâvatî est achevée pour sa création, à l’Opéra, en 1923. L’essentiel de son oeuvre sera composé entre 1920 et 1937, année où il meurt prématurément d’une crise d’angine de poitrine.
Albert Roussel n’est pas un artiste de l’effusion. Sa musique est construite et contrôlée. Elle vise à produire des formes grâce à des combinaisons sonores nouvelles. Pudeur, réserve et discipline caractérisent l’homme autant que l’oeuvre, malgré l’agilité de son écriture musicale, les élans dionysiaques dont elle est capable (Bacchus et Ariane). L’ artiste est difficile à classer dans les courants esthétiques de son temps. Contrapuntiste formé à la Schola Cantorum, Roussel trouve dans l’impressionnisme l’allègement de la pensée, le son de l’ellipse. A Debussy il emprunte sa mobilité et sa fluidité. Logique et sensualité, musique pure et évocation s’équilibrent dans cet art qu’il faut bien qualifier de classique.