0n retrouve, curieusement, certains dessins, certains effets schönbergiens dans le Trio de Betsy Jolas, comme ces glissandos, ascendants chez les Viennois, descendants chez la compositrice franco-américaine. Mais l’on est tout de suite frappé par la noblesse incisive du trait et - on pense à Beethoven - par les libertés que prend l’élocution par rapport au temps et à l’espace musical, tout est ténu, organisé, aéré. Mais tout donne, l’illusion d’éclore dans l’instant à la réalité. C’est que l’écriture transgresse par force «trucs» techniques les possibilités des instruments (attaques voilées, effets de flous, usage de la sourdine en plomb pour obtenir des sonorités froissées). Aussi, elle enjambe les barres de mesure par un systême compliqué de notes liées, elle associe les longues tenues et les éclats sonores fulgurants, les pianissimos prolongés et les sforzandos étincelants. La forme qui se dégage de l’ensemble n’est en rien préfabriquée.