Composés en 1979, ces Moments musicaux recourent à la méthode de « composition structurelle » mise au point par York Höller durant les années soixante-dix. Trouvant son origine à la fois dans la technique sérielle et dans certains aspects du chant grégorien et de techniques observées dans diverses musiques de tradition orale, cette méthode vise à déduire les conséquences les plus diverses d'une même idée musicale (appelée par Höller « structure sonore ») et à développer par projection une logique permettant de structurer les différentes dimensions de l'œuvre, des aspects ponctuels à la forme générale.
En un seul mouvement, cette pièce d'une dizaine de minutes exploite ainsi un agencement de trente-quatre notes harmonisées mélodiquement (utilisé dans deux autres pièces de la même période : Umbra et Mythos). De ce matériau de base, York Höller tire douze « caractères structuraux » (« Gestaltkaraktere ») nettement différenciés, qui vont surgir tout au long de l'œuvre en une succession irrégulière et organiser les différents « moments » qui la composent.
Si le titre renvoie naturellement au célèbre cycle de pièces pour piano de Franz Schubert, à l'esprit poétique duquel l'œuvre prend une valeur d'hommage, il signale également la structuration du temps musical en différents instantanés, renvoyant ainsi au sens particulier que Stockhausen a donné au mot. L'un des moments musicaux les plus caractéristiques de l'œuvre, qui reprend la résonance des sons de cloches, joue à ce titre un rôle singulier en revenant à divers endroits de la pièce (notamment dans la partie de piano, qui contient des indications telles que Quasi campane, campanelli ou campane grande).