C'est au début des années soixante-dix que j'ai commencé à m'intéresser de près à deux aspects pratiques de la musicalité qui, depuis, m'ont accompagné d'une manière ou d'une autre. À savoir : 1) les effets dé la difficulté d'exécution sur l'articulation formelle et l'expérience sensuelle immédiate, et 2) jusqu'où l'« interprétation » implique une intervention consciente de l'interprète dans la structure même de l'œuvre proprement dite – en bref, la question de la liberté. Sieben Sterne représente une de mes premières tentatives pour formuler ces questions dans un contexte compositionnel.
L'œuvre a été directement inspirée par la célèbre gravure d'Albrecht Dürer représentant Dieu le Père assis en majesté, une épée à double tranchant sortant de sa bouche et une constellation de sept étoiles dans la paume de sa main tendue. J'ai considéré que l'épée représentait la nature ambiguë de la liberté de choix en matière d'interprétation, tandis que la constellation d'étoiles se trouvait reproduite dans les sept parties de l'œuvre. 7:1)
Le premier et le dernier « pilier » de la structure, ainsi que celui du milieu, sont formés par trois « Refrains » présentant des degrés croissants de complexité, chacun des trois étant lui-même divisé en deux sous-sections. Séparant ces trois grands blocs, on trouve deux complexes dans lesquels l'exécutant est appelé à intervenir plus ou moins radicalement. Chaque bloc se compose de trois « Poèmes » et de trois « Caprices », ceux-ci pouvant être inversés. Les « Poèmes » sont assemblés par l'exécutant à partir d'un groupe de fragments sommairement définis et dont la composition a besoin d'être « achevée » de façon à (selon les instructions) ressembler à des passages dont la composition aurait été achevée. Deux « Tracts » (textures à dominante lente et non événementielle) sont insérés à des points symétriques au sein de l'ensemble. Les sept parties sont donc : Refrain l ; Tract l ; Poème/ Caprice l ; Refrain ll ; Poème/Caprice ll ; Tract ll ; Refrain lll. Pendant la montée finale de la dernière partie, l'assistant de l'interprète est prié de jouer également sur le clavier.
Brian Ferneyhough.