Principal Sound évoque simultanément solitude et communauté éphémère. Par la sensation instantanée du son, l'œuvre engendre une médiation musicale entre deux solitudes : « l-one+l(iness) », écrivait Cummings.
« Feldman a créé une œuvre qui existe sans référence extérieure à elle-même », écrivait le poète Frank O'Hara, précisant ensuite : « J'interprète ce « lieu métaphysique », ce territoire où vivent les œuvres de Feldman, comme la surface où le développement spirituel de l'œuvre peut avoir lieu, où la forme d'une œuvre peut développer son originalité propre et où le sens personnel du compositeur peut devenir explicite. Dans un sens plus littéral, c'est l'espace qui doit être déblayé afin que la sensibilité ait la possibilité d'exprimer sa préférence individuelle pour le son et d'explorer le sens de cette préférence. »
L'écriture de l'orgue repose sur une tension entre sons tenus indéfiniment, qui déterminent la structure, et hoquets ou brèves ponctuations harmoniques répétées jusqu'à plus soif. Une mathématique secrète des proportions et du temps inspirée par Mondrian. Une tension entre permanence et intermittence qui anime aussi les balancements d'intervalles sur lesquels se conclut la partition.
Laurent Feneyrou, programme du Festival d'Automne à Paris 1997, cycle Feldman.