Cette œuvre d'un seul tenant s'articule en réalité sur le modèle du concerto classique, en trois mouvements : une section lente « misterioso » est encadrée par deux parties rapides qui amènent le soliste aux limites des possibilités techniques de l'instrument.
L'écriture de l'œuvre procède d'une économie de moyens et d'une rigueur certaines. La partie de basson, malgré son caractère incontestablement virtuose, utilise une palette de timbres relativement restreinte ; la sobriété des modes de jeu va de pair avec leur mise en œuvre à des fins de clarification du travail motivique. Ce travail aboutit à la création de figures et de textures variées et caractérisées, à partir d'une unique cellule chromatique, librement amplifiée : les moments les plus lyriques de la section médiane, de même que l'inquiétude et l'urgence des mouvements marqués « presto », montrent la diversité des profils thématiques issus de ce seul noyau.
À côté de cette logique qui apparaît clairement à l'audition, la volonté d'opposer l'instrument soliste à l'ensemble des cordes résulte en une écriture proprement concertante. Le basson se voit confier des rythmes irréguliers et échange avec les cordes des figures obstinées ou des traits rapides. Aux passages heurtés du premier mouvement répond la poursuite haletante du dernier, librement inspirée par la « caccia » du XIVe siècle et son utilisation du canon à des fins descriptives. Le retour du mouvement lent dans les mesures finales apporte une résolution à ces tensions par une écriture plus homophone.
Peter Szendy.