« Incisa », pris dans le sens français du terme, est une idée courte, entre parenthèses, qui recentre le propos, autant qu'un bref fragment de motif musical que l'on mémorise. Ce bloc musical concentré, qui fait pendant à l'isolement du compositeur, libère une énergie riche de toutes les références et habitudes compositionnelles propres à une époque, mais passé au filtre des « choix instinctifs » du compositeur, dont Xenakis a dit qu'ils étaient « les garants de la valeur d'une œuvre ».
Dans cette pièce en effet, on passe sans cesse d'un style à un autre, de sons bruiteux à des phrases lyriques, chantantes. Dusapin semble se jouer des difficultés techniques : il utilise les doubles cordes sur un mode frénétique, explore le registre aigü, emploie les glissandi... autrement dit, il fait là un clin d'œil (sans pour autant qu'il y ait plagiat) à Nomos Alpha de Xenakis, de qui il fut l'élève.
d'après Pierre-Albert Castanet et Madeleine Gagnard, Les Cahiers du CIREM (juin-sept 1989)