L'architecture de l'œuvre est ordonnée en quatre moments.
Le premier procède par allégements ou densifications. Les « textures enchevêtrées » du tutti initial — tissées de trilles, de trémolos et de glissandi en quarts de ton — sont peu à peu élaguées pour laisser paraître un « lointain mystérieux » : aux trois bols japonais posés sur la timbale et aux résonances du vibraphone modulées par la bouche de l'interprète viennent se joindre les « volutes » des cordes. Mais cette éclaircie est bientôt noyée au sein d'une superposition chatoyante de trois tempi différents, qui suscite, par un léger crescendo, l'éclat « joyeux » des cloches, des gongs et du tam-tam.
Dans l'extinction de cet éclat naissent, « impalpables », les harmoniques des cordes et les whistle-tones des flûtes : un tissu fragile et instable qui s'épaissit parfois en une « nappe-chant ».
Le troisième moment est celui — ludique — d'un « jeu-duel » entre la première flûte et l'ensemble. La flûte soliste a une partie « fantasque » : les sons éoliens alternent avec les percussions de clefs et les pizzicati — qui sont ensuite repris par les cordes et associés aux percussions sourdes et amorties des wood-blocks, des temple-blocks et des troncs d'arbre.
Le dernier moment — « très doux et lointain » — est une immense vibration de la matière sonore, irisée par des « blocs de trilles » qui la parcourent selon des mouvements ascendants et descendants, pour disparaître peu à peu dans l'athmosphère raréfiée du suraigu des flûtes.
Peter Szendy, programme des concert des 13 et 15 avril 1992, Centre Georges-Pompidou, Grande salle