Pasquale Corrado (1979)

Eterno vuoto (2024)

for soprano, mezzo-soprano, ensemble and live electronics

electronic work

  • General information
    • Composition date: 2024
    • Duration: 18 mn
    • Publisher: Suvini Zerboni, nº LESZ 16920
    • Commission: Milano Musica
    • Libretto (details, author):

      D’après des textes d’Aristote, de Platon, de Marc Aurèle et de la Sainte Bible.

Detailed formation
  • soloists: soprano, mezzo-soprano
  • flute, clarinet, percussionist, piano, violin, cello

Premiere information

  • Date: 22 May 2024
    Location:

    Italie, Milan, festival Milano Musica, au Pirelli HangarBicocca


    Performers:

    Ljuba Bergamelli, soprano ; Laura Muller, mezzo-soprano ; Ensemble Multilatérale ; Léo Warynski, direction

Information on the electronics
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale): Francesco Abbrescia (réalisation informatique musicale)
Electronic device: temps réel

Program note

Cette pièce, dont l’inspiration provient de la nouvelle fantastique de Borges, La bibliothèque de Babel, combine deux concepts opposés, symbolisés par son titre Eterno Vuoto, qui signifie littéralement « vide éternel ». Tout d’abord, le terme « éternel » suggère l’idée de quelque chose qui n’a pas de fin, qui ne connaît pas de limites de temps ou d’espace. Il évoque l’immensité de la bibliothèque de Borges : une infinité de possibilités et de combinaisons de connaissances. D’autre part, le terme « vide » évoque un sentiment de manque, d’absence de sens ou de but. La bibliothèque de Borges, bien qu’elle contienne une énorme quantité d’informations, n’offre pas de réponse définitive ou de sens ultime.

Le texte de la 1re scène est tiré de la Métaphysique d’Aristote (Livre IV, Chap.1) et traite de thèmes tels que l’être, l’existence et la connaissance. Les voix se mêlent pour produire un morphing timbrique et spatial, et leur traitement crée un chemin de reconstruction de la parole, qui avait précédemment été détruit. L’ensemble soutient cette reconstruction et en colore les contours.

Le texte de la 2e scène s’inspire de l’allégorie de la caverne de Platon (la République, Livre VII) en faisant référence aux notions de perception déformée de la réalité et de recherche de la vérité : une déformation qui nous parvient aussi musicalement par une utilisation extrême de la voix et de l’instrumentalité.

Des extraits de la Bible, dont l’« Épître aux Romains de saint Paul » (1:18-25) et l’« Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean » (8:31-32) sont utilisés dans les 3e et 4e scènes, qui traitent de thèmes spirituels et philosophiques, tels que la recherche de la vérité et le conflit entre la foi et la connaissance.

Les Pensées pour moi-même de Marc Aurèle (Livre VI, n° 30), qui ont inspiré une partie des textes de la 4e scène, explorent la nature transitoire de l’existence humaine et la recherche d’un sens plus profond de la vie.

Ces écrits contribuent à souligner la tension entre l’immortalité de la connaissance et le vide éternel et existentiel auxquels l’humanité est confrontée. Ils constituent une référence musicale constante dans les choix d’écriture variés liés à l’utilisation particulière de la voix, à travers la création d’une voix unique qui se divise perpétuellement en deux chemins parallèles, qui se croisent, dialoguent et se mélangent, se contaminant l’un l’autre et donnent finalement naissance à de nouvelles figures. Ces figures musicales, aux possibilités infinies, se mêlent aux textures et à l’instrumentalité électroniques, laissant ainsi les spectateurs ébahis.

Pasquale Corrado, note de programme du concert ManiFeste du 13 juin 2024 dans la Grande Salle du Centre Georges Pompidou.

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