Extraits de voix de l’opéra de Pékin : Zhengyan Zhu.

Les adieux de la concubine pour 11 musiciens, extraits de voix et live électronique s’inspire de l’opéra de Pékin (théâtre chanté traditionnel chinois, en chinois : 京剧). J’ai toujours été impressionnée par les voix des personnages féminins – les Tsing Yi (en chinois : 青 衣) – de cette forme d’opéra. C’est cette admiration qui m’a incitée à profiter de ma collaboration avec l’Ensemble intercontemporain pour composer une pièce multiculturelle qui utilise un langage musical contemporain et des techniques de musique assistée par ordinateur afin de retranscrire cet art oriental magnifique et historique. Les extraits audio sont empruntés à l’illustre pièce Adieu ma concubine du maître de l’opéra de Pékin Mei Lanfang. La pièce raconte l’histoire d’une Tsing Yi nommée Yu Ji, dernière reine de la dynastie Chu (704-223 avant notre ère). Elle était pacifiste mais n’a eu d’autre choix que de suivre le roi au front. Dans les derniers instants de sa vie, et alors qu’ils étaient tous deux encerclés par l’ennemi, elle choisit de mettre fin à ses jours avec dignité.
Yu Ji est pour moi une figure féminine orientale forte, courageuse et aimante, et je souhaite également aborder le thème de l’opposition à la guerre à travers cette œuvre. J’ai exploré avec les solistes de l’Ensemble intercontemporain la vocalité de leurs instruments. Grâce au traitement électronique live et à la synthèse vocale, je crée une sorte de « dégradé sonore » entre les timbres des instruments et les voix des Tsing Yi. À partir de cette matière, j’explore les possibilités de synchronisation et de fusion de ces sonorités différentes, aux origines et aux styles différents.