Le cycle Ictus vocis réunit des pièces de musique de chambre et des pièces solistes, avec et sans électronique, où la corrélation entre timbre, geste et mélodie est l’axe principal de la composition. Zāmyād pour violoncelle et électronique s’inscrit dans ce cadre. L’idée d’écrire une pièce pour violoncelle et électronique s’est présentée suite à la composition de mon troisième quatuor à corde Tak-Sīm (2012) au sein duquel une cadence pour violoncelle solo réunit la subtilité des gestes micro-tonals et la forceexpressive de l’instrument violoncelle, soutenue par les sons électroniques. En 2014, j’ai rencontré la violoncelliste Marie Ythier. Sa passion pour la musique et sa grande capacité musicale m’ont immédiatement impressionné. À la suite de cette rencontre, et après avoir écouté mon quatuor à cordes, la violoncelliste m’a commandé une nouvelle pièce pour violoncelle et électronique qui figure dans son CD, Le geste augmenté. Dans la composition de Zāmyād, la virtuosité et le contenu expressif du geste provenant d’une part de la musique traditionnelle persane, et d’autre part des cycles rythmiques de la musique indienne, sont primordiaux. L’usage des harmoniques naturelles dans le registre aigu, les ornements, les pizzicati harmoniques, les pizzicati zingués et les gestes mélodiques qui reposent sur la dextérité de la main gauche, la combinaison simultanée de pizzicato de la main gauche et le jeu d’archet, les bariolages rapides des harmoniques aiguës, et l’univers riche de la microtonalité et de la micromodalité, sont tous soutenus par le discours de la partie électronique. Ce dialogue de timbres et de mélodies n’aurait été concevable que par le bias de sons de synthèse, minutieusement composés à partir de la modélisation de la morphologie de gestes. En Perse antique Zāmyād représente la divinité de la terre.