Dans Seventies, c’est le son d’une époque qui est convoqué, celui des guitares électriques, celui du rock des années soixante-dix. Mais seulement via les haut-parleurs : ces sons, pour familiers qu’ils soient, gardent l’immatérialité des choses disparues, demeurent « acousmatiques ». Les intrusions de ces bruyants fantômes sont accueillies sur scène de façon un peu distanciée – pour ne pas dire narquoise – par les deux instrumentistes, lesquels toutefois se laissent peu à peu entraîner par ces fragments d’« airs populaires », ces « bouts de concerts », ces « restants d’hymnes publics » (pour s’aider de Rimbaud). Tous les sons de la partie électroacoustique ont été extraits de disques parus entre 1967 et 1978 : minuscules fragments sonores, de la taille d’une note, qui ont été combinés ensemble, recollés les uns avec les autres pour former une musique neuve ayant la saveur de l’ancien.
Stéphane Borrel.