La musique de Thierry Blondeau est vive et nomade. Elle est affaire de territoire — il arrive qu’un musicien se « déterritorialise » pour aller jouer par-dessus l’épaule d’un autre, ajoutant mains à la touche du violoncelle, aux clefs de la clarinette. Le territoire, lieu/non-lieu, puisse-t-il être musical, se décline depuis le geste qui produit le son — celui du percussionniste usant du lieu même (pierres et dallages) comme d’un instrument ; de grandes guitares se balançant comme des pendules indolentes — jusqu’aux déplacements intégrés dans la partition, jusqu’au concert conçu alors comme un vaste parcours. Se déplacer, investir l’espace, en prendre la mesure, comme on s’enquerrait de ce qui nous entoure et par là se définir soi — pour Thierry Blondeau autant que pour tout autre compositeur — dans l’idéalité que l’art permet... si l’on décide d’y souscrire.
Jérôme Combier, concert du festival Agora 2010, le 14 juin.