J’ai conçu Nôise lors de mon séjour de cinq mois à la villa Kujoyama de Kyoto (Japon) en 2007 (résidence CulturesFrance).
Là-bas, j’ai eu l’occasion d’assister à des représentations de théâtre Nô, de théâtre de marionnettes Bunraku et de différents rituels bouddhistes ou shintoïstes, et j’ai ainsi pu entendre un large éventail de voix japonaises.
Pour le premier mouvement (« Masque »), je me suis inspiré d’un certain chant, très lent, dévolu à l’acteur principal du Nô (shite). Filtré par le masque de l’acteur, ce chant est ponctué des réponses du chœur ainsi que des cris et frappes des joueurs de tambours, tandis que le tempo s’accélère et que le chant se transforme en une danse.
Pour la deuxième partie (« Marionnette »), je me suis d’abord inspiré des attaques violentes et acides du shamisen (instrument à cordes qui accompagne le narrateur du Bunraku), précédées par un cri intérieur, quasi inaudible, du joueur de shamisen. Suit une transcription libre de la voix du narrateur de Bunraku : par son chant, son cri, son rire et ses sanglots, il donne aux marionnettes le caractère d’une femme timide, d’un samouraï en colère, d’un vieillard tremblant, d’une femme coquette… Des dialogues entre des personnages imaginaires mènent à un combat grotesque.
La troisième partie (« Mantra ») me vient de la récitation répétitive de sutras par les moines bouddhistes. Quelques figures musicales des parties précédentes sont ici reprises et se superposent à la pulsation qui va en s’accélérant continûment. Les musiciennes de l’ensemble récitent des extraits du « Sutra du cœur ».
Ondrej Adámek, propos recueillis par Jérémie Szpirglas, programme du concert du 16 juin 2012, ManiFeste 2012.