Cette œuvre composée en 1994 résulte d'une commande du Festival de Takefu et elle est dédiée à Asako Urushihara. Elle s'intègre à la série des « Vertical Time Studies » entreprise en 1992 et visant à exprimer une conception du temps, de l'événement, du discours musical fondés sur les éléments verticaux plutôt que sur les éléments horizontaux. D'emblée, les attaques marquées du violon et du piano, suivies de résonances composées, donnent la mesure de cette recherche. Le violon symbolise ici la voix intérieure de l'homme, tandis que le piano est apparenté à la nature et à l'univers qui l'entourent. « Le violon, nous dit le compositeur, trace un son permanent, tel le pinceau trempé dans l'encre terrestre qui effectuerait u trait sur du papier blanc. Le moment où le trait du pinceau devient expression sensible par l'union de l'encre et du papier correspond aux harmoniques et le néant – le papier vierge – à l'espace non sonore. L'espace vierge de l'in-sonorité reproduit un monde, celui des distances et des profondeurs infinies de l'humanité, de l'univers et de leurs fondements. » On notera ici l'importance des silences, l'impact des gestes expressifs détachés d'une continuité rhétorique traditionnelle, les longues tenues avec transformation du timbre, qui plongent l'écoute dans un temps et un espace sonores ouverts, presque infinis.