Philippe Schœller (1957)

Géologia, poème de Claude Faïn II (2001 -2002)

for mixed a capella choir

  • General information
    • Composition date: 2001 - 2002
    • Duration: 10 mn
    • Publisher: Editions Musicales Européennes
    • Commission: Jeune Chœur de Paris et Cité de la musique
    • Dedication: à Laurence Equilbey
    • Libretto (details, author):

      sur un poème de Claude Faïn (éditions Farrago)

Detailed formation
  • mixed choir(6 soprano, 6 contralto, 6 tenor, 6 bass voice)

Premiere information

  • Date: 23 May 2002
    Location:

    France, Paris, Cité de la musique


    Performers:

    le Jeune Chœur de Paris, direction : Laurence Equilbey.

Program note

Géologia, recueil de quatre poèmes du poète Claude Faïn, disparu subrepticement en août 2001, ami depuis plus de dix-sept années. Nous entendrons, ici, ce soir, la musique pour chœur a cappella que j’ai composée à partir du second poème : Sur la face interminable du rien. Musique de la voix à nu. Point zéro du musical, source initiale. Des voix et de la voix. Rayonnement des corps en chœur. Géologia : littéralement ; parole (logos) de la terre. Principes arborescents de développement d'un flux, d'un souffle, comme un arbre vocal dont le sol, la terre comme un repère – le fil de l'écoute – fait usage ici non pas de thèmes ni de mélodies mais de données dépouillées et radicales de l'écoute vocale : lignes, surfaces, perspectives, timbres tensions, intervalles mis à nu. Ou encore textures d'un souffle traversant la précise structure harmonique donnée. Tel le vent, le souffle vivant filtrant nos cordes vocales, mais surtout l'énergie du poème filtrant le chœur comme un seul corps démultiplié par l'énergie de chacun des chanteurs. La matière sensible, commune au poète et au musicien, est ici une matière souffle. Je veux une pureté, au sens de la clarté, de la lisibilité, totale du souffle. Comme si la matière de l'espace vocal étant le silence (par définition il n'y a de son sans silence) – aujourd'hui si difficile d'accès – l'antimatière de celui-ci devient alors le souffle, porteur du verbe pour le poète, terre du son pour le musicien. Telle est selon moi la logique musicale des corps vivants rayonnants sur la scène. La scène comme une page blanche à mettre en mouvement par le signe. La forme, c'est-à-dire la formation d'une durée singulière au poème et sa géométrie auditive, procède par variations, courts-circuits, prémonitions ou réminiscences. Cet espace-volume, qui se définit par la perspective, le point de fuite, la lancée vers un horizon, soit de silence , soit de fureur solaire, invite – je l'espère – de par sa nature directe, immédiate car vocale et partagée par chacun et tous, invite à l'évocation. Évoquer. Comme un appel, un éveil ou une aimantation. Gravitation.

Philippe Schœller.