Pièce en 3 mouvements pour ensemble baroque.
Cette pièce exprime le sentiment de l'imploration et de la prosternation. L'imploration est un élan et une retombée (arsis et thésis) d'une ligne alternativement modale et chromatique. Tout au long de la pièce, ces implorations se déploient selon le principe des « polyphonies paradoxales » : principe de redoublement d'octaves créant une illusion psychoacoustique d'ascensions et descentes simultanées. L'écriture qui procède par une métamorphose lente des intervalles créée des décalages et la perception de la brisure des intervalles homophones.
La prosternation est un battement à tous les instruments dans une couleur harmonique faisant référence au mineur tonal. Ce battement est réalisé polyphoniquement en polyrythmie. La lutherie baroque permet de travailler sur la superposition de tempéraments inégaux mesotoniques. La superposition de ces tempéraments permet de tracer les trajectoires harmoniques des implorations et des prosternations qui sortent du champ des hiérarchies tonales. La couleur des instruments, leurs capacités de jouer de la micro-intervallité et des flattements par oscillations permet de construire des lignes mélodiques et des échelles caractéristiques de cette lutherie.
L'écriture des flûtes à bec, du théorbe et du clavecin témoigne de cette relation particulière d'auto genèse entre le vertical et l'horizontal tel que le Baroque l'a développé.
L'identité thématique des affects (implorations et prosternations) constituerait une étape importante pour moi, en ce qui concerne la musicalité et l'expressivité du processus formel de l'écriture.