Une voix est placée au centre d’un espace délimité par quatre caisses claires. Jouées par l’ordinateur en temps réel sur la membrane, elles exécutent des rythmes humainement impossibles à réaliser ; jouées sur leurs timbres, elles créent des harmonies, des plus claires au plus distordues. La voix explore à tâtons cet espace inconnu et tente une interaction en cherchant continuellement un langage possible : elle devient percussion, « mailloche » d’instruments réels ou simulés. La percussion, quant à elle, cherche une mimesis du langage et peut réagir à la voix en temps réel. Elle s’y superpose de façon dramatique, couvre les paroles, rendant ainsi la communication impossible. Il s’agit d’une étude sur le masquage de la parole par des bruits à large bande et de couches de bruit par d’autres couches de bruit. Autour des instruments et de la voix, un orchestre de matériaux simulés est créé : membranes, bois, métaux.
Plutôt qu’un véritable texte, sont utilisés divers comportements vocaux. Les seules phrases compréhensibles sont élaborées à partir d’un ouvrage du philosophe italien Emilio Garroni. Je me suis également inspiré de réflexions d’Henri Michaux sur le dessin et le langage tirées de Emergences - Résurgences.
Lorenzo Pagliei.