On dit décollage à propos de Jacques Villeglé. Quant à moi c’est arrachage qui est ici le moteur haletant de ma recherche. Arracher, mieux, lacérer est le geste sonore qui met en lanières, déchire, écorche, égratigne tout un nouveau monde de sons.
Un Monde lacéré, composition pour la « Comédie urbaine » de Jacques Villeglé. Chez lui, l’origine, un nom de rue, une date, un concert habitent l’œuvre picturale. Dans ma musique le son aime perdre son identité et c’est pourquoi l’apport de Jacques Villeglé avec ses fragments de réalité est essentiel dans cet hommage. Son univers me sidère et son monde d’affiches m’a inspiré.
Tous les signes de notre époque contenus dans le travail de Jacques Villeglé ont ouvert des fenêtres sonores et là, se cassent, se brisent, se découpent d’autres notes musicales jusqu’à des machines d’imprimerie imaginaires.
Je ne donnerai pas de points de repère : l’écoute de mes œuvres doit se faire dans l’attente de ce qui va arriver. Un suspense abrasif, taillé et tranché en neuf séquences et quelques résonances de plus. Le tout fait 46 minutes et 5 secondes.
Pierre Henry, programme de la création, Centre Pompidou, le 1 octobre 2008.